Mercredi 14 juin 2017, les Kabyles étaient appelés à se rassembler au centre de la ville de Iazzugen (Azazga) mais aussi dans d’autres villes de Kabylie, afin de célébrer « la Journée de la nation Kabyle » et rendre hommages aux victimes de la répression du « printemps noir » de l’année 2001 au cours duquel 126 personnes ont été tuées par les force de sécurité algériennes.
Très tôt le matin, la ville fut quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire, avec un grand nombre de policiers équipés de plusieurs types d’armes. Des barrages ont été installés sur toutes les routes menant à Iazzugen, dans le but de contrôler et de restreindre l’accès des citoyens au rassemblement prévu. Dans d’autres localités de Kabylie, la police a procédé dans la matinée à de nombreuses arrestations préventives afin d’empêcher les personnes de se rendre à Iazzugen. Les réseaux téléphoniques et la connection internet ont également été coupés afin de bloquer la communication et l’envoi de photos et de vidéos des manifestations sur les réseaux sociaux.
Dès que les premiers groupes sont arrivés sur le lieu du rassemblement, ils ont été très brutalement attaqués par les forces anti-émeutes qui ont frappé avec une grande sauvagerie et sans discernement hommes, femmes et personnes âgées. Durant toute la journée, des agents de police ont lancé des charges très agressives contre des groupes de personnes qui se dirigeaient vers le lieu du rassemblement, faisant des dizaines de blessés. Ces derniers ont été transportés vers les hôpitaux pour être soignées tandis que des dizaines d’autres personnes ont été arrêtées et conduites au commissariat.
Dans la soirée, des rassemblements et des moments de recueillement devaient se tenir dans diverses localités de Kabylie (Larvaa-Nat-Iraten, Mekla…) mais ils ont tous été interdits par une présence policière massive et sur le pied de guerre.
Ce déferlement de violence policière qui s’est abattue sur les citoyens Kabyles ce 14 juin 2017 a atteint un niveau de barbarie peu connu jusqu’à présent. Personne ne comprend les motifs de l’empêchement de ce rassemblement pacifique et encore moins pourquoi avec une telle férocité ? Le gouvernement algérien cherche t-il à provoquer un soulèvement général des Kabyles pour procéder comme en 2001 à une répression sanglante ?
Le Congrès Mondial Amazigh dénonce de la manière la plus forte l’état de guerre permanente imposé à la Kabylie. Aucune solution, aucune paix durables ne sont possibles si le gouvernement algérien persiste ainsi dans sa politique basée uniquement sur les interdits, le racisme anti-Kabyle et l’usage de la force.
Nous appelons donc les autorités algériennes à mettre un terme immédiatement à ces méthodes de haine et de violence et à ouvrir un dialogue sincère avec les représentants légitimes de la Kabylie en présence d’une médiation internationale sous l’égide de l’ONU. La communauté internationale et particulièrement l’ONU, l’UE et l’UA doivent prendre leurs responsabilités en agissant maintenant, en vue d’amener les autorités algériennes à trouver avec la Kabylie, une issue négociée au conflit.
Paris, 15/06/2017
La Présidente
Kamira Nait Sid