Le CMA exprime son total soutien à Hamid Sebouai et à tous les acteurs Amazighs impliqués sur le terrain dans l’aide aux populations
Bien que non reconnues et combattues par les Etats, les structures traditionnelles amazighes (notamment Tajmaat, l’assemblée villageoise ou de la tribu) se remettent spontanément en place dès que survient une crise majeure ou qu’un grave danger menace la communauté.
C’est ainsi que dès que la nouvelle de la propagation mondiale du coronavirus fut connue, ces structures ancestrales ont été réactivées pour prendre en charge la protection des communautés amazighes, particulièrement dans les territoires ruraux ou de montagne, dans tous les pays de Tamazgha (nord de l’Afrique). Autonomes vis-à-vis des Etats, ces assemblées ou comités locaux ont pris des initiatives de confinement, de contrôle des entrées et sorties de leurs territoires et organisé l’approvisionnement collectif en denrées alimentaires et autres produits de première nécessité ainsi que les opérations de solidarité et d’entraide à l’intérieur de chaque communauté mais aussi entre les communautés ou tribus. Grâce aux mesures de sauvegarde ainsi mises en place par ces structures et l’adhésion volontaire des populations à leurs directives, le nombre de victimes du coronavirus a été grandement limité dans les territoires amazighs.
Tout en ayant démontré leur incapacité à répondre aux besoins sanitaires et sociaux des populations amazighes, les services de l’Etat n’apprécient guère la présence et le rôle joué par les structures traditionnelles amazighes, particulièrement en cette période de crise sanitaire. Au lieu d’aider ces structures à mieux prendre en charge leurs actions de protection des populations, les représentants des Etats au niveau local, tentent par tous les moyens de faire obstacle au travail de ces structures et de leurs animateurs.
C’est ainsi que des membres actifs des comités de village ou des tribus subissent différentes formes d’intimidations et de menaces de la part des services de sécurité de l’Etat au niveau local dans le but de leur faire abandonner leur engagement au sein de leurs communautés. C’est le cas notamment de notre collègue, Hamid Sebouai, dit Silas, membre du Conseil Fédéral (CF) du Congrès Mondial Amazigh (CMA), très actif dans son village Icerqiyen, Commune de Maatkas en Kabylie (Algérie) et au niveau international au sein du CMA, pour défendre et promouvoir les droits de l’homme et le progrès social pour tous. Très impliqué localement, il participe à toutes les initiatives qui ont pour objectif de sauvegarder l’intérêt général et le bien commun. C’est ainsi qu’il a contribué aux côtés de tous les citoyens de son village pour gagner le deuxième prix du village le plus propre de la Wilaya (province) de Tizi-Wezzu en 2019.
Durant ces dernières semaines marquées par la pandémie du covid-19, Hamid Sebouai s’est naturellement investit avec d’autres citoyens de son village et de sa Commune, pour organiser le confinement, venir en aide aux autres et faire appel à la solidarité de la diaspora Kabyle. Son but et celui de ses collègues est de servir les autres et notamment les plus nécessiteux. Au lieu de le féliciter et de l’encourager, le Commissaire de police et les gendarmes de Maatkas multiplient les actes malveillants et les menaces à son encontre. Des rumeurs malintentionnées sont également diffusées sur Internet dans le but de porter atteinte à son honneur et à son moral. Par ailleurs, les demandes d’agrément administratif du comité de village et de l’association culturelle du village de Icerqiyen sont bloquées au niveau de la gendarmerie de Maatkas depuis près d’une année. Parce que Hamid est un élément actif et apprécié par sa communauté, tout son village se trouve ainsi sanctionné.
Le CMA dénonce et condamne fermement ces pratiques honteuses du Commissaire de police et des gendarmes de la brigade de Maatkas et exprime son total soutien à Hamid Sebouai. Le CMA exige que cessent immédiatement les provocations qu’il subit de la part des autorités de police et de gendarmerie, particulièrement inacceptables en cette période difficile.
Les activités bénévoles de solidarité réalisées par tous les militants Amazighs en Kabylie et dans tous les territoires amazighs doivent être saluées et soutenues par tous les moyens. Et comme l’a rappelé récemment l’ONU, « les Etats doivent impérativement protéger la santé et la vie des populations, soutenir les peuples et communautés autochtones qui ont pris l’initiative de mettre en place des mesures de confinement et des contrôles à l'entrée de leurs territoires, les informer dans leur langue, et intensifier les mesures de protection de manière à empêcher des groupes ou toute autre entité étrangère, de pénétrer sur les territoires des peuples autochtones sans leur accord ».
Le CMA assurera le suivi attentif de ces recommandations par l’Etat algérien et ne manquera pas d’alerter l’opinion publique et les instances internationales en cas de manquement du gouvernement à ses obligations en matière de respect des droits individuels et collectifs des Amazighs.
Paris, 3/04/2970 – 15/04/2020
Le Bureau du CMA.