Dans le cadre de ses activités habituelles de formation et de sensibilisation aux droits de l’homme, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a programmé « Tasdawit n unevdu 2970 » ou « université d’été 2020 », les 18 et 19 septembre 2020, dans la ville de Tichy en Kabylie, en partenariat avec le « Café littéraire » de cette ville.
L’évènement qui devait se dérouler à la bibliothèque municipale de Tichy, devait réunir une trentaine de participants présents physiquement, dans le strict respect des distances et des gestes barrières anti-coronavirus, et des centaines d’autres de manière virtuelle par le biais d’Internet.
Plusieurs conférences étaient programmées sur les deux jours de cette université d’été, notamment sur le rôle du Haut commissariat aux droits de l’homme et le fonds volontaire pour les peuples autochtones, le droit à l’autodétermination, le droit à la terre des Amazighs au Maroc, le mécanisme d’experts des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le rôle de la société civile. Les conférenciers sont des spécialistes dans leurs domaines de compétence et des experts de l’ONU et devaient intervenir par visioconférence depuis Genève, le Pays Basque, la Catalogne et le Maroc.
La veille de l’évènement, Mme Kamira Nait Sid, co-présidente du CMA et Yuva Meridja, membre du Conseil Fédéral du CMA ainsi que Karim Smaili et Karim Mersel, respectivement président et membre du «Café littéraire de Tichy» et Mouloud Taïakout, membre du «Café littéraire de Aokas», étaient présents dans la bibliothèque municipale afin de mettre en place l’organisation logistique de l’activité. Vers 14 heures, plusieurs voitures de la police sont arrivées devant la bibliothèque municipale et un Commissaire de police et deux policiers sont entrés brusquement dans la salle pour demander à tout le monde de tout arrêter et de les suivre au commissariat.
Dans le commissariat de Tichy, ils ont été interrogées sur le contenu de l’activité, sur l’identité des participants et des conférenciers et le Commissaire de police leur a finalement signifié l’interdiction de l’activité et les a avertis que si l’activité était maintenue, ils seraient tous arrêtés le lendemain matin. Les cinq personnes ont ensuite été remises en liberté vers 18 heures.
Le Congrès Mondial Amazigh considère cette interdiction d’une session de formation des cadres associatifs en Kabylie est totalement abusive et n’a aucun fondement légal. Le CMA dénonce et condamne vigoureusement cet acte de violation grave de la liberté d’expression et du droit de réunion pourtant protégés par la Constitution algérienne et le droit international ratifié par l’Algérie. Et ce n’est pas la première fois qu’une activité du CMA est interdite ou empêchée en Algérie.
Le CMA va entreprendre des démarches auprès de toutes les instances internationales dont l’Algérie est membre, afin de contraindre d’une manière ou d’une autre le gouvernement algérien à cesser ses abus et ses provocations à l’encontre des Amazighs.
Le Congrès Mondial Amazigh remercie vivement M. Le Maire et la municipalité de Tichy pour avoir bien voulu accepter d’accueillir l’université d’été du CMA dans la bibliothèque municipale de la ville. Le soutien apporté par la municipalité de Tichy et son Maire à la société civile est un exemple pour tous les élus locaux. Le CMA remercie également les «cafés littéraires» de Tichy et de Aokas pour leur engagement courageux en faveur des droits et des libertés. Le CMA salue aussi la mobilisation citoyenne des habitants et des organisations de la société civile de Tichy qui ont manifesté publiquement le 24 septembre dernier leur rejet de l’acte arbitraire de la police algérienne.
Malgré les menaces, les intimidations, les interdits arbitraires et autres obstacles érigés par le gouvernement algérien pour réduire notamment les défenseurs des droits de l’homme au silence, le CMA poursuivra sans relâche sa mission et ses projets d’activités de protection et de promotion des droits individuels et collectifs des Amazighs.
Tichy, 14/09/2970 – 26/09/2020
Le Bureau du CMA