Pour la deuxième fois en moins d’une année, les Kabyles ont refusé à la quasi-unanimité, de participer à un vote organisé par le gouvernement algérien. La première fois, ce fut lors de «l’élection présidentielle» algérienne le 12 décembre 2019 et la seconde fois, c’était le 1er novembre dernier pour le référendum concernant la révision de la Constitution.
A chaque fois, le taux de participation en territoire kabyle était quasiment nul.
Ce rejet des scrutins algériens par les Kabyles est une forme de désobéissance civile massive qui marque la volonté de rupture totale des Kabyles avec le système algérien fondé sur l’idéologie arabonationaliste et islamiste, la marginalisation de l’amazighité, le racisme anti-amazigh, la corruption, les injustices et la répression.
Au moment où le régime algérien promet une «nouvelle Algérie», dans la pratique, il menace les défenseurs des droits des Amazighs, il marginalise Tamazight sous le prétexte des restrictions imposées par le covid-19, il met en prison tous ceux et celles qui expriment une opinion discordante, il destitue des élus locaux notamment en Kabylie lorsqu’ils refusent de se soumettre à sa feuille de route, etc.
Faisant le constat de l’incompatibilité entre les projets de société algérien et kabyle, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) avait adressé au mois de mai dernier, une lettre au chef de l’Etat algérien, M. Tebboune, pour l’inviter à ouvrir un «dialogue serein et sincère» avec les représentants de la Kabylie, mais sans réponse de sa part à ce jour.
Aujourd’hui, après ce deuxième zéro vote historique en Kabylie, il n’est ni logique, ni raisonnable d’attendre des solutions d’un gouvernement considéré comme illégitime et que le peuple rejette. En conséquence et plus que jamais, il appartient aux Kabyles et à eux seuls, de réfléchir et de se concerter dans le but de concevoir des réponses constructives capables de faire face au défi de la survie du peuple kabyle et de son identité socioculturelle et la préservation de son territoire.
Aussi et malgré le contexte actuel très difficile, lié d’une part à la pandémie du coronavirus et d’autre part au climat de terreur que cherche à instaurer les autorités algériennes, le CMA appelle tout ce que la Kabylie compte d’acteurs de la société civile, à se réunir d’une manière ou d’une autre, dans le respect des normes sanitaires, pour débattre et élaborer les modalités institutionnelles et pratiques pour bâtir durablement un avenir conforme aux aspirations profondes du peuple kabyle.
Le CMA est naturellement disposé à apporter sa contribution au programme et à l’organisation logistique de cette initiative.
Il est utile de rappeler que cette démarche est pleinement conforme au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tel que mentionné notamment dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Il nous parait également très important de réaffirmer que le droit des Kabyles de prendre leur destin collectif en main ne s’inscrit aucunement dans un esprit d’hostilité à l’égard de l’Algérie. Au contraire, il vise ultimement à instaurer la paix et l’amitié entre les peuples et à restaurer leur prospérité dans cette région.
Paris, 1/11/2970 – 12/11/2020
Le Bureau du CMA