Algérie: La répression et la violation des droits des Amazighs se poursuit sans relâche
Le gouvernement algérien met en œuvre de manière implacable et constante une politique qui vise à faire taire les Amazighs, de toutes les manières possibles.
Dans ce but, il mobilise l’administration, la justice, la police, l’armée, et la corruption pour surveiller, intimider, menacer, frapper, arrêter et emprisonner abusivement toute personne qui ose exercer le moindre de ses droits et libertés de citoyen pourtant protégés par la Constitution et par les Traités internationaux ratifiés par l’Algérie.
Sans aucun motif légitime et en s’appuyant sur une justice soumise, le gouvernement harcèle les défenseurs des droits des Amazighs ainsi que des citoyens et même des élus locaux, en les mettant sur des listes de personnes recherchées, en les convoquant devant les commissariats de police, devant l’administration ou les tribunaux. Le gouvernement use et abuse de la détention préventive, de manière totalement injustifiée tant dans ses motifs que dans sa durée.
Actuellement, Lounès Hamzi, membre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, un mouvement politique qui agit de manière pacifique et démocratique, est en détention préventive depuis le 7 octobre 2020, poursuivi pour de motifs graves mais totalement infondés et imaginés par les services algériens. Il risque de rester longtemps en prison, sans jugement, et d’y subir des mauvais traitements, comme ceux dont a été victime le défenseur des droits du peuple Amazigh At-Mzab, Kamel-Edine Fekhar, finalement mort en détention en 2019.
La machine répressive algérienne ne chôme jamais et les accusations d’«atteinte à l’unité nationale» ou l’«offense aux préceptes de l’islam» sont régulièrement invoqués pour faire condamner de paisibles citoyens. Ces derniers jours, Abdelghani Mammeri a été condamné le 15 décembre 2020 par le tribunal d’Amizour en Kabylie, à 6 mois de prison ferme et 100.000 Dinars d’amende pour «offense au prophète et à la religion musulmane» et Mebrouk Bouakaz, dit Yuva, a été condamné le 17 décembre 2020, par le tribunal de Vgayet à une peine de 3 années d’emprisonnement et une amende de 50.000 Dinars. En imposant par la force sa langue et sa religion, l’Etat arabe et islamique algérien pratique une politique coloniale d’assimilation forcée des autochtones Amazighs. Les citoyens Amazighs-Kabyles Zahir Bouchalal, Abderezak Yacine, Abderezak Ouaissa, Farid Djenadi, Djamel Mansouri, Riad Hamchache, Djamel Harour, Lahcen Boussaid, Yahyoun Larbi sont convoqués par le Procureur de la République de Vgayet pour le 31 décembre 2020 et poursuivis sur la base des articles 79 et 100 du code pénal algérien pour «atteinte à l’unité nationale et participation à un rassemblement non armé». Ces accusations sont liées à la participation de ces personnes à un rassemblement pacifique de soutien aux détenus At-Mzab en 2016. Les peines encourues varient d’un à dix ans de prison.
De son côté, le Wali de Vgayet, représentant du gouvernement dans la Wilaya (Province) de Vgayet en Kabylie, a entrepris des poursuites administratives contre l’association socioculturelle «Itri n Tlelli n At-Soula» pour «atteinte à l’unité nationale». Son objectif est de dissoudre cette association et de poursuivre pénalement son président, Tarik Chiboub. Le Wali poursuit également Madjid Oudak, Maire de la municipalité de Chemini qui a délivré l’agrément administratif pour cette association, dans le but de le destituer de son poste de Maire.
Ces harcèlements policiers, administratifs et judiciaires incessants visent tout simplement à empêcher toute possibilité d’action et d’expression autonomes des Amazighs et de faire obstacle à l’expression et à la promotion des droits de l’homme. Cela viole les dispositions des chartes, conventions et pactes internationaux ratifiés par l’Algérie et entrave la volonté des Amazighs de protéger et de promouvoir leur langue, leur culture, leurs institutions et leur mode de vie.
Le Congrès Mondial Amazigh, ONG de protection et de promotion des droits individuels et collectifs des Amazighs, exprime sa pleine solidarité avec toutes les victimes des actes arbitraires du gouvernement algérien et réaffirme qu’il agira sans relâche contre la dictature algérienne et pour l’avènement de l’état de droit dans ce pays. Une copie de ce communiqué sera adressée aux instances internationales accompagnée d’une demande d’intervention urgente pour mettre fin aux actes illégaux et dangereux et au despotisme des autorités algériennes.
Paris, 10/12/2970 – 22/12/2020
Le Bureau du CMA