Lounès Hamzi, membre du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), a été arrêté le 6 Octobre 2020 par la police algérienne à Tizi-Wezzu (Kabylie) puis présenté devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M'hamed à Alger qui l’a mis en détention provisoire à la prison de Koléa.
Lounès Hamzi devait être de nouveau présenté devant le juge le 10 mai mais l’audience a été reportée au dernier moment au 18 mai 2021. Il est poursuivi pour « atteinte à l'unité nationale et organisation et structuration d'un mouvement de rébellion », sur le fondement des articles 77 et 90 du code pénal algérien. L’article 77 est classé dans la section III – « Attentats, complots et autres infractions contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national ». Il stipule que « l'attentat, dont le but est de détruire ou de changer le régime, soit d'inciter les citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité de l'Etat ou s'armer les uns contre les autres, soit à porter atteinte à l'intégrité du territoire national, est puni de la peine de mort ». L’article 90 est classé dans la Section V – « Crimes commis par la participation à un mouvement insurrectionnel ». Il stipule que « sont punis de mort, ceux qui ont dirigé ou organisé un mouvement insurrectionnel ou qui lui ont sciemment et volontairement fourni ou procuré des armes, munitions et instruments de crime, ou envoyé des subsistances ou qui ont, de toute manière, pratiqué des intelligences avec les directeurs ou commandants de mouvement ». Ce sont des accusations d’une extrême gravité et le prévenu encoure la sanction suprême.
Cependant, selon nos informations dûment vérifiées, Lounès Hamzi et le MAK ont toujours agit au grand jour et exclusivement par des moyens politiques, pacifiques et démocratiques. De plus, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie poursuit un objectif reconnu par la Constitution algérienne (article 32) et par les principaux instruments juridiques internationaux ratifiés par l’Algérie. Jusqu’à preuve du contraire, Lounès Hamzi et le MAK ne devraient donc pas être concernés par ces accusations farfelues qui rejoignent celles qui ont été proférées gratuitement par l’armée algérienne contre le MAK le 25 avril dernier.
Si la justice algérienne était indépendante, Lounès Hamzi n’aurait jamais dû être ni arrêté, ni emprisonné car il n’a fait qu’exprimer son opinion politique. En conséquence, le CMA invite le juge de Sidi M’hamed à le libérer immédiatement et sans conditions, ainsi que tous les détenus d’opinion en Algérie.
Quant au gouvernement algérien, il a toujours opté pour les violences policières, le harcèlement judiciaire et le mensonge d’Etat contre la Kabylie, contre tous les Amazighs et contre les défenseurs de leurs droits et libertés. Ce faisant, il ne fait que favoriser la mobilisation citoyenne contre les abus de pouvoir et les injustices.
Malgré ses atouts, l’Algérie reste enfoncée dans le bas de tous les classements mondiaux en matière de démocratie, de respect des droits de l’homme et des libertés et de bien être. Et les promesses d’une «Algérie nouvelle» n’ont malheureusement pas connu le moindre début de réalisation.
Paris, 4/05/2971 – 16/05/2021
Le Bureau du CMA.