Ce 20 avril 2023, la police algérienne a violemment empêché les traditionnelles commémorations de Tafsut Imazighen–le printemps amazigh, qui se déroulent chaque année.
En Kabylie, les commémorations du printemps amazigh se doublent depuis 2001 de celles du printemps noir, dénommé ainsi à cause de l’assassinat de 127 Kabyles par la gendarmerie algérienne.
Le territoire de la Kabylie était densément quadrillé par les forces de sécurité algériennes qui ont procédé dès le matin et durant toute la journée du 20 avril, à des dizaines d’interpellations de personnes soupçonnées d’avoir l’intention d’organiser une quelconque activité en lien avec le double anniversaire du printemps amazigh et du printemps noir. En interdisant toute manifestation de quelque nature qu’elle soit, le pouvoir algérien a violé gravement le droit du peuple kabyle d’honorer sa mémoire et ses traditions. L’Algérie poursuit ainsi son escalade dans la répression de toute expression libre des Amazighs et cela correspond à la stratégie du régime algérien qui vise tout simplement à faire disparaître le fait amazigh dans ce pays. Après la mise sous éteignoir des peuples Amazighs Chawi, At-Mzab et Kel-Tamasheq, l’Algérie s’attaque avec une grande férocité ces dernières années, au dernier bastion de l’amazighité dans ce pays, la Kabylie.
L’Algérie viole ainsi toutes les règles internationales relatives aux droits de l’homme et des peuples qu’elle a pourtant ratifiées.
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) dénonce avec force et condamne avec la plus grande fermeté l’interdiction des festivités du printemps amazigh et du printemps noir et les arrestations de citoyens en Kabylie. Le CMA demande une nouvelle fois aux instances internationales et notamment à l’ONU de contraindre le pouvoir algérien à respecter ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et des peuples.
Les agressions permanentes perpétrées par les forces algériennes contre la Kabylie ces dernières années (incendies criminels ayant fait environ 300 morts en 2021, vaste campagne d’arrestations de centaines d’Amazighs dont une grande majorité de Kabyles, dont 54 ont été condamnés à mort en 2022, criminalisation des défenseurs des droits de l’homme, encouragement du discours de haine anti-amazigh et anti-kabyle, etc), témoignent d’une dérive totalitaire sans précédent qui s’achemine vers un ethnocide anti-amazigh et particulièrement anti-kabyle. Dans ces circonstances et afin de prévenir le pire, le CMA en appelle solennellement à la mise sous protection de l’ONU des Amazighs d’Algérie.
Dans ce sens, le CMA adressera dans les prochaines semaines des lettres et un dossier circonstancié à l’ONU et à l’UA, les invitant à prendre leurs responsabilités en adoptant des mesures concrètes de protection des Amazighs d’Algérie contre les très graves menaces qui pèsent sur eux dans ce pays.
Dans l’immédiat, le CMA exige la libération immédiate de tous les détenus politiques Amazighs en Algérie et au Maroc et notamment de Kamira Nait Sid, coprésidente du Congrès Mondial Amazigh, arbitrairement incarcérée depuis 20 mois en Algérie.
Paris, 10/04/2973 – 22/04/2023
Le Bureau du CMA