A tous les artistes et acteurs culturels Amazighs
Pour tous les peuples qui vivent encore sous domination, dont les Amazighs, leur langue et leur culture sont des éléments vitaux qui leur permettent de continuer d’exister, malgré les oppressions subies.
La culture amazighe doit beaucoup à des générations d’artistes, poètes, écrivains, éditeurs. Ils ont été des éveilleurs de conscience, des allumeurs d’étoiles. De manière subtile et séduisante, ils ont su apporter à nos questionnements, les réponses idoines que l’on ne trouve pas dans les manuels d’histoire falsifiée, enseignée dans les écoles étatiques. Beaucoup de ces créateurs ont également été les porte-voix des souffrances, des colères contenues et des revendications de leur peuple.
Mais depuis quelques années, force est de constater qu’une grande partie des nouvelles générations de créateurs et de promoteurs d’œuvres artistiques et intellectuelles, s’adonnent au plus facile et/ou au plus lucratif de leur métier, celui de «faire la fête» uniquement. Toutes les occasions sont bonnes et même le «Printemps Amazigh» (Tafsut Imazighen), un moment marquant de la lutte des Amazighs, est devenu une opportunité pour seulement chanter et danser.
Pourtant, la conjoncture ne s’y prête pas du tout: la langue amazighe est menacée de disparition même dans les pays où elle possède le statut de langue officielle, la culture amazighe authentique est marginalisée, falsifiée et folklorisée, la société est bâillonnée et terrorisée et de nombreuses familles notamment en Kabylie et dans l’Azawad, sont endeuillées par des morts et de lourdes condamnations de prison, sans motif légitime. Comment avoir le cœur à faire la fête dans ces conditions? Continuer ainsi à distraire les gens comme si de rien n’était, c’est cautionner les injustices, le racisme, les discriminations, la répression féroce, les crimes et le mépris de Tamazight.
Nous ne demandons pas aux artistes et autres créatrices et créateurs culturels de cesser leurs activités. Nous savons que c’est leur gagne pain et qu’il est important pour notre société que la vie culturelle reste dynamique. Ce que nous leur demandons, c’est de ne pas se limiter à l’aspect divertissant de leur métier, c’est de mentionner dans leurs œuvres et dans leurs prestations publiques, la détresse dans laquelle se trouve aujourd’hui l’amazighité et d’alerter l’opinion, même symboliquement, sur les injustices exercées contre les Amazighs et exprimer publiquement leur soutien à la Cause amazighe. Concrètement, cela peut prendre la forme de:
1- Dénoncer: les arrestations et les détentions arbitraires des Amazighs (At-Mzab et Kabyles en Algérie et Rifains au Maroc), les massacres de populations civiles Kel-Tamasheq (Touaregs) dans l’Azawad par l’armée malienne et les milices Wagner, le racisme et les discriminations anti-Amazighs dans tous les pays de Tamazgha, l’exclusion ou la marginalisation de la langue amazighe, etc.
2- Soutenir: toutes les victimes des abus de pouvoir dans les pays de Tamazgha et leurs familles, les défenseurs des droits et des libertés des Amazighs, la marche des Amazighs en solidarité avec les peuples Kabyle et Touareg, le 14 janvier 2024 à Paris, etc.
3- Réclamer: la libération de tous les détenus politiques et d’opinion Amazighs en Algérie et au Maroc, la fin du racisme et des discriminations anti-Amazighs, le traitement de la langue et la culture amazighes à égalité avec la langue et la culture arabes sur les plans politique, juridique et en terme d’allocation des ressources notamment humaines et budgétaires, etc.
Nous recommandons également un geste concret de solidarité qui peut être d’ajouter un (1) Euro ou son équivalent, au tarif de tous les billets des manifestations culturelles (notamment les concerts de musique). Cette idée peut d’ailleurs être élargie à toutes les professions. Les sommes collectées seraient destinées aux associations et ONG amazighes qui œuvrent dans le domaine de la protection et la promotion de la culture amazighe et des droits individuels et collectifs des Amazighs.
Tamazight vous fait vivre, aidez-la à vivre !
Dignité-Liberté-Justice pour les Amazighs!
Paris, 8/12/2973 – 20/12/2023
Le Bureau du CMA.