Maroc : Appel à tous les acteurs Amazigh-es pour faire cesser le racisme et le mépris
Nous avons écrit et publié beaucoup de rapports, de communiqués et de déclarations, nous avons organisé des réunions et des manifestations publiques pour dénoncer la mauvaise volonté, le racisme et le mépris des gouvernements marocains envers tout ce qui est amazigh. Mais ces gouvernements ne nous ont jamais réellement écoutés et ils se permettent même de violer la Constitution et la loi.
Ces dernières années, certain-es Amazigh-es sont entrés dans des partis politiques dans le but de les influencer de l’intérieur, ont-ils déclaré. Un certain nombre d’entre eux ont donc soutenu le parti qui gouverne le pays depuis 2021, dirigé par M. Akhenouch, Premier Ministre, mais celui-ci a pris des mesures prétendument en faveur des Amazighs mais que tout le monde qualifie de « poudre aux yeux ».
Parallèlement, ce gouvernement poursuit de manière implacable, la marginalisation de l’amazighité, qui en conséquence continue de reculer dans la société marocaine.
Comme ses prédécesseurs, le gouvernement actuel accélère le processus de l’assimilation forcée des Amazighs, la dépossession de leurs terres et de leurs ressources et il maintient les Amazighs des zones rurales et de montagne, « bled essiba », dans la pauvreté socio-économique.
Voici quelques exemples concrets du traitement raciste et illégal du fait amazigh au Maroc :
- bien que la langue amazighe ait le statut de langue officielle depuis 13 ans, son enseignement ne dépasse pas le cycle primaire et seulement dans quelques écoles. Résultat : moins de 10 % des élèves bénéficient de l’apprentissage de Tamazight,
- des prénoms Amazighs sont toujours frappés d’interdits sans qu’aucune sanction ne soit prise à l’encontre des auteurs et des responsables de ces actes amazighophobes,
- Tamazight est exclue de l’administration publique et de la justice,
- Tamazight est exclue du Parlement,
- les documents officiels tels que le passeport, la carte nationale d’identité, le permis de conduire, etc, sont rédigés uniquement en arabe et en français, excluant Tamazight, en violation de la Constitution et de la loi organique n° 26-16 du 12 septembre 2019,
- la banque centrale marocaine continue d’émettre de nouveaux billets de banque sans Tamazight, en violation de la Constitution et de la loi organique n° 26-16 du 12 septembre 2019,
- malgré l’article 28 de la loi organique qui stipule que «est écrite en langue amazighe, à côté de la langue arabe, la signalisation concernant les différents moyens de transport fournissant des prestations publiques ou relevant de services publics», des organismes étatiques, tels que l’ONCF (office national des chemins de fer), la RAM (royal air Maroc), l’ONEE (office national de l’électricité et de l’eau potable) et bien d’autres organismes publics et privés, continuent d’exclure Tamazight,
- en 2022, la DGSN (direction générale de la sureté nationale) a renouvelé son identité visuelle, conservant les langues arabe et française, excluant Tamazight, en violation de la loi qui indique clairement dans son article 28 que «la signalisation des véhicules chargés de la sureté nationale, de la gendarmerie royale, de la protection civile, des forces auxiliaires et des ambulances», doit être écrite en langues amazighe et arabe,
- lors de l’opération de recensement de la population du Maroc en 2024, l’administration marocaine utilise une méthode de recensement opaque et qui vise clairement à augmenter artificiellement le nombre d’Arabes et à minimiser le nombre d’Amazighs dans ce pays ,
- les Amazighs sont interdits de créer leurs propres organisations politiques afin de défendre leurs droits spécifiques,
- des dizaines de conférences et des colloques de haut niveau sont organisés chaque année par des institutions gouvernementales et académiques pour promouvoir l’identité arabe du Maroc (histoire, culture, religion et langue) et aucun évènement politique ou scientifique de haut niveau n’est dédié à l’amazighité. Plus grave, souvent, Tamazight est présentée comme une langue étrangère au Maroc dans les programmes des évènements dédiés à la promotion de l’arabisme,
- la culture amazighe bénéficie de 0,1 % du budget du Maroc consacré à la culture et en conséquence, 99,9 % de ce budget est alloué à la promotion de la culture arabe,
- les Amazighs sont toujours victimes d’actes de stigmatisation et de discours méprisants, y compris de la part de responsables politiques et religieux, en toute impunité,
- le gouvernement marocain n’a donné aucune suite aux recommandations de Madame Tandiyi Achiume, Rapporteure Spéciale de l’ONU sur le racisme et les discriminations, suite à sa visite au Maroc du 13 au 21 décembre 2018. A l’issue de sa visite, Madame Tandiyi Achiume a déclaré que «les Amazighs subissent des discriminations, l’exclusion structurelle dans différents domaines économiques, sociaux, culturels et linguistiques et même des stéréotypes racistes et l’intolérance qui y est associée»,
- plus d’une année après le séisme meurtrier et destructeur survenu dans le Haut Atlas, un grand nombre de victimes dorment encore sous des tentes en plastique, exposées aux intempéries et notamment au grand froid en hiver. L’État marocain les a oubliés du fait qu’ils sont Amazighs et habitant une région du Maroc considérée comme « inutile », le « bled-essiba »,
- la solidarité et la fraternité officielles du Maroc sont prioritairement exprimées et fièrement accordées aux « frères » Arabes, au détriment des Amazighs en situation de dénuement,
- le Maroc continue d’utiliser des lois coloniales françaises pour poursuivre les spoliations des terres collectives des Amazighs et à les attribuer à des investisseurs privés souvent étrangers, créant des conflits avec les communautés autochtones Amazighes.
- etc, etc...
Les gouvernements marocains sont toujours restés sourds à nos appels au respect de la justice et du droit. Ils ont toujours traité nos légitimes revendications par l’arrogance et le mépris. Si les choses se poursuivent ainsi, l’amazighité, civilisation autochtone plurimillénaire du Maroc va disparaître à moyen terme. En tant qu’Amazighs, nous devons réagir énergiquement afin d’obliger le gouvernement à nous respecter, à respecter pleinement nos droits et à respecter ses obligations légales nationales et internationales.
C’est pourquoi le Congrès Mondial Amazigh (CMA) appelle les associations et tous les acteurs amazighs du Maroc à participer et à contribuer ensemble, à une vigoureuse action en justice, appuyée par un pool d’avocats marocains et étrangers, contre le gouvernement marocain et contre tous les organismes notamment publics qui violent la Constitution et la loi.
Nous demandons aux associations et personnes intéressées de prendre contact avec le CMA par email, afin d’examiner ensemble, les modalités de mise en œuvre d’une cette initiative.
En tant qu’Amazighs, le respect de nos droits dépend d’abord de nous-mêmes, de notre volonté, de notre engagement et de nos exigences exprimés fermement et collectivement. Nous devons faire cesser les abus dont nous sommes victimes, nous devons faire cesser la politique anti-amazighe au Maroc et dans tous les pays de Tamazgha.
Paris, 13/09/2974 – 25/09/2024
Le Bureau du Congrès Mondial Amazigh
Email : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
Web : www.congres-mondial-amazigh.org