Boualem Sansal, l'arbre qui cache une forêt de prisonniers politiques en Algérie

L’enlèvement et la séquestration de l’écrivain Boualem Sansal le 16 novembre 2024 à son arrivée à l’aéroport d’Alger en provenance de France, puis son incarcération pour avoir émis une opinion sur les frontières algéro-marocaines, a été un acte grave de répression de la liberté d’opinion et d’expression.

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a déjà condamné sans réserve l’acte arbitraire commis par les autorités algériennes et a exprimé son total soutien à Boualem Sansal qui n’a fait qu’user d’un droit protégé par la Constitution algérienne (articles 51 et 52), la charte africaine des droits de l’homme et des peuples (article 9) et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 19) dont l’Algérie est partie.

 

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) salue et participe au mouvement international de solidarité avec l’écrivain et accueille avec satisfaction la mobilisation du gouvernement français pour faire libérer Boualem Sansal. Le CMA recommande instamment à l’Union Européenne de ne pas se contenter de faire des déclarations mais de prendre des mesures concrètes comme la suspension de l’accord d’association UE-Algérie. Le CMA demande également à l’UA et à l’ONU de mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour contraindre l’Etat algérien à respecter ses obligations régionales et internationales en matière de respect des droits de l’homme et des peuples.

 

Le CMA attire l’attention de tous que malheureusement, Boualem Sansal n’est pas le seul détenu politique en Algérie. Depuis le début de l’année 2021 particulièrement, le régime militaire algérien a été sans pitié, particulièrement à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des droits des Amazighs. Suite à des procès sommaires et inéquitables, au moins trois cents Amazighs sont actuellement en détention en Algérie, en majorité des Kabyles et parmi eux, trente-neuf ont été condamnés à mort en 2022. Des milliers d’autres sont frappés d’interdiction de sortie du territoire national algérien (ISTN) et tout un peuple est soumis à un harcèlement policier et judiciaire brutal et terrorisant.

 

L’Algérie d’aujourd’hui telle qu’elle est dirigée par un ordre armé échappant à tout contrôle démocratique, est dangereuse pour son peuple, pour ses voisins, pour l’Europe et pour le monde. Dans l’intérêt de tous, l’Algérie doit être contrainte par tous les moyens légitimes de se mettre en route pour l’état de droit. La remise en liberté de Boualem Sansal et de tous les autres détenus politiques et d’opinion est une urgence prioritaire.

 

Par ailleurs le CMA considère que le gouvernement français est dans son droit d’appliquer les lois protégeant l’ordre public en France contre les auteurs de toute forme de racisme et de violence ou d’appel à la haine et au meurtre. La communauté amazighe de France souhaite des relations apaisées entre la France et l’Algérie mais qui ne peuvent l’être que si l’Algérie cesse immédiatement et complètement ses graves atteintes aux droits de l’homme et aux libertés et qu’elle mette ses actes en conformité avec le droit international et avec les principes et les règles démocratiques universelles.

 

Paris, 3/01/2975 – 15/01/2025

 

Le Bureau du CMA