Préparation du 9° congrès du CMA

Préparation du congrès du CMA à Amur-n-Yakuc (Marrakech, Maroc)

 

Le Conseil Fédéral (CF) du Congrès mondial Amazigh (CMA) s’est réuni à distance en session ordinaire le 24 mars 2025. Il a examiné les deux principaux points à l’ordre du jour : l’état des préparatifs du prochain congrès du CMA et les questions d’actualité.

Le Conseil Fédéral avait déjà décidé lors de sa réunion du 26 mai 2024, d’organiser le 9ème congrès du CMA au Maroc. Après diverses consultations, la ville de Amur-n-Yakuc (Marrakech) a été choisie pour accueillir ce congrès au mois d’octobre prochain. Dans cette perspective, un comité technique d’organisation a été installé à Marrakech, coordonné par Youssef Mahfouf, membre du Conseil Fédéral-Maroc.

 

Le Conseil Fédéral rappelle opportunément que le choix d’organiser le prochain congrès du CMA au Maroc s’est imposé de lui-même à cause de l’absence d’alternatives. Le dernier congrès ayant eu lieu en Tunisie, la Libye étant toujours sous l’emprise de l’instabilité et de l’insécurité, comme c’est le cas du pays Kel-Tamasheq du grand Sahara, les difficultés excessives en Mauritanie, le problème des visas pour les Canaries, l’Algérie étant interdite au CMA par la dictature militaire algérienne, il ne restait plus que le Maroc, même si ce pays a déjà accueilli trois congrès du CMA. Quant à organiser le prochain congrès du CMA à l’étranger, cette option n’a pas été discutée car le choix stratégique du CMA est d’organiser ses réunions dans les pays de Tamazgha aussi longtemps que cela sera possible. Et dans la mesure où les critiques les plus acerbes contre l’organisation du congrès du CMA au Maroc viennent d’Algérie, le CF met au défi les autorités algériennes de permettre la tenue du congrès du CMA dans ce pays. A ce sujet, il est utile de rappeler la mésaventure vécue par certains Amazighs en 2008, refoulés à l’aéroport d’Alger et les nombreuses expulsions de membres du CMA venus participer à des réunions en Kabylie. Le CF informe également ses membres qu’ils pourront participer au congrès en visioconférence dans le cas où ils seront empêchés de se rendre au Maroc.

 

Le Conseil Fédéral a écouté un exposé de Youssef Mahfouf qui a donné des précisions sur la logistique, notamment sur les salles qui devront accueillir le congrès ainsi que sur les lieux d’hébergement des congressistes et des invités. Le CF a ensuite demandé aux membres du Bureau de rendre publique la date exacte du congrès le plus vite possible afin que les participants à ce grand rendez-vous international des Amazighs puissent organiser leurs voyages jusqu’à Marrakech.

 

Les membres du Conseil Fédéral se sont ensuite penchés les questions d’actualité et d’abord sur un pseudo-communiqué qui a circulé récemment mettant en cause les dirigeants actuels du CMA. Suite à l’exposé présenté par le secrétaire général du CMA et après débats, le CF déclare :

 

- Il est habituel que le CMA subisse des actes malveillants à l’approche de ses congrès, dans le but de le déstabiliser et de lui compliquer la tâche,

- Aucun des noms figurant dans ce document diffusé sur les réseaux sociaux ne possède la moindre légitimité, ni la légalité pour s’exprimer au nom du CMA. De plus, deux personnes dont les noms figurent en bas de ce communiqué ont démissionné il y a plusieurs années, par écrit et à leur demande, tandis que d’autres ont déclaré ignorer jusqu’à l’existence même de ce communiqué. C’est dire le caractère farfelu et malhonnête de cette démarche,

- Le CF rappelle que lors de sa réunion du 26 mai 2024, il avait acté concernant Khalid Zerrari, ancien co-président, « sa défaillance totale telle que définie par l’article 4 du règlement intérieur du CMA et avait confirmé à l’unanimité, son exclusion du CMA conformément à l’article 8 dudit règlement intérieur ». Le CF avait alors demandé à M. Zerrari de « ne plus s’exprimer au nom du CMA et de cesser immédiatement d’utiliser le titre de co-président du CMA »,

- Le CF rappelle également sa décision prise lors de cette même réunion du 26 mai 2024, qui indique qu’afin de s’adapter au contexte exceptionnellement contraignant et pour pallier la vacance de la présidence du CMA ainsi que pour répondre au besoin formel de légalité, le Conseil Fédéral a décidé de nommer le Vice-Président pour la diaspora, Rabah Issadi, comme Président par intérim du CMA jusqu’au prochain congrès de l’organisation et ce, conformément à l’article 8 des statuts qui prévoit qu’«en cas de décès, de démission ou d'empêchement des coprésidents, un nouveau Président sera élu par le Conseil Fédéral parmi les vice-présidents». En conséquence, la nomination de Rabah Issadi comme Président par intérim du CMA le 26 mai 2024 met un terme automatiquement au mandat de Kamira Nait-Sid comme co-présidente du CMA. Dès lors, toute initiative portant les noms des ex-coprésidents, est nulle et non avenue et n’engage en rien le CMA.

 

Par ailleurs, le CF du CMA déclare :

- qu’il considère Kamira Nait-Sid comme une victime du régime algérien et il rappelle les exigences du CMA appuyées par les décisions de l’ONU : l’enlèvement le 24 août 2021 et la séquestration de Kamira Nait-Sid pendant une semaine, puis sa mise en détention pendant plus de trois ans, sont illégales et arbitraires. Le jugement de Kamira Nait-Sid ayant été cassé et annulé par la Cour Suprême algérienne le 28 mars 2024, l’Algérie devrait abandonner toutes les charges et les poursuites engagées contre Mme Nait-Sid et la réhabiliter dans son intégrité juridique, morale et physique et lui verser des indemnités conséquentes en réparation des préjudices subis par elle et sa famille. Le CMA exige également l’identification des responsables algériens qui ont infligé un tel calvaire à Kamira Nait-Sid et leur condamnation sévère. Le CF renouvelle l’expression de son indéfectible solidarité avec Kamira Nait-Sid.

 

- que Kamira Nait-Sid a quitté sa cellule de la prison de Koléa le 1er septembre 2024 mais elle n’est toujours pas libre puisqu’elle vit désormais dans la prison à ciel ouvert qu’est devenue l’Algérie et la Kabylie particulièrement. De fait, Kamira demeure étroitement surveillée et sans aucune liberté, ni de parole, ni d’activité professionnelle, ni de communication, ni de circulation. De plus, sa condamnation ayant été annulée par la Cour Suprême, Kamira Nait-Sid doit être rejugée à nouveau, en fait et en droit, par la juridiction de renvoi désignée. Mais son procès dans le cadre de cette nouvelle procédure, qui devait avoir lieu le 25 novembre 2024 devant un tribunal d’Alger, a été reporté au 9 décembre 2024, puis au 10 février 2025, et reporté encore une fois à une date ultérieure non déterminée. Autant dire que Kamira Nait-Sid vit sous l’épée de Damoclès qui peut la renvoyer en cellule à tout moment, sur décision arbitraire de l’injustice algérienne. En conséquence, comme tous les ex-détenus politiques Kabyles, Kamira Nait-Sid est une otage du régime algérien. Elle ne sera réellement libre que le jour où l’Algérie deviendra un état de droit ou si elle parvient à quitter ce pays administré par un pouvoir militaire totalitaire.

 

Le CF rappelle que le CMA restera fidèle à ses principes et valeurs et continuera, quelles que soient les adversités, à poursuivre sa mission en toute indépendance et sans faillir. Il se félicite des efforts des membres du Bureau et du CF qui ont tous contribué pour apporter leur soutien concret à Kamira Nait-Sid et à faire en sorte que personne ne l’oublie. Le CF rappelle que durant la période de sa détention, le CMA avait fait tout son possible pour faire réagir les instances régionales et internationales en faveur de sa coprésidente détenue, devant la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples, au Service européen d'action extérieure de l’Union Européenne, au Parlement Européen et à l’ONU. C’est grâce à une plainte du CMA que le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire, a pris en considération le cas de Kamira Nait-Sid et a décidé le 1er avril 2022, après avoir entendu le gouvernement algérien, que Kamira Nait Sid a été « enlevée, kidnappée et détenue arbitrairement » et a demandé sa libération immédiate. Le CMA est également intervenu de manière insistante auprès de M. Voule, Rapporteur Spécial de l’ONU sur la liberté d’association et de réunion pour lui demander d’évoquer le cas de Kamira Nait-Sid avec les autorités algériennes lors de sa visite en Algérie en septembre 2023. Et c’est ce qu’il a fait, son rapport final concernant sa visite en témoigne. Le CMA a également prié instamment Mary Lawlor, Rapporteure Spéciale de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’homme, de rendre visite à Kamira Nait-Sid en prison, lors de sa visite en Algérie en novembre/décembre 2024. Nous remercions infiniment Mme Lawlor d’avoir rendu visite à Kamira dans la prison de Koléa. C’est un geste exceptionnel que nous avons hautement apprécié et qui a dû faire du bien au moral de Kamira, qui a également bénéficié du soutien de grandes ONG telles que IWGIA, Frontline Defenders et Amnesty International. Le CMA a par ailleurs profité de toutes les places et de toutes les tribunes pour alerter l’opinion publique sur l’injustice infligée à Kamira Nait-Sid et aux autres détenus politiques par les autorités algériennes, à Marseille, à Genève, à Paris, à New-York, à Nairobi, etc. Il est important de rappeler ces faits mais sans attendre aucune reconnaissance car il est du devoir du CMA d’être en permanence aux côtés de ses membres et de tous les Amazighs.

 

Dans un contexte plus que jamais marqué par l’hostilité envers notre organisation, le Conseil Fédéral du CMA appelle les membres du CMA et tous les Amazighs à la vigilance et recommande aux instances du CMA de rester concentrées sur les missions du Congrès Mondial Amazigh et sur la préparation de son prochain congrès à Amur-n-Yakuc* (Marrakech).

 

* Amur-n-Yakuc, la terre de Dieu (en langue amazighe)

 

Paris, 13/03/2975 – 25/03/2025

Le CF du CMA