Tafsut Imazighen interdite à Rabat

La célébration de Tafsut Imazighen – Printemps Amazigh – interdite à Rabat !

 

Une grande marche populaire pour célébrer Tafsut Imazighen – le Printemps Amazigh – devait se dérouler dimanche 20 avril 2025 dans les rues de Rabat au Maroc.

 

Tôt le matin, des milliers d’Amazighs, femmes et hommes de tous âges, ont convergé vers le point de départ de la marche, munis de drapeaux amazighs et de banderoles portant l’inscription de leurs revendications.

 

Parallèlement, un nombre impressionnant de policiers et d’agents des forces auxiliaires anti-émeutes s’est déplacé vers la place Bab-El-Hed, lieu de départ de la marche, et ont encerclé les manifestants, les empêchant de sortir de cette place. La police a informé verbalement les organisateurs que la marche dans les rues de Rabat n’était pas autorisée. Pourtant, toutes les démarches administratives prévues par la loi ont été effectuées dans les délais. Devant l’acte arbitraire d’empêcher la marche, les manifestants ont tenté à plusieurs reprises de forcer le blocus policier mais ils ont été violemment repoussés par les forces de police, faisant quelques blessés parmi les manifestants, heureusement sans gravité.

 

Pour le Congrès Mondial Amazigh le refus des autorités marocaines de permettre aux Amazighs d’exercer leur droit fondamental de manifester pacifiquement sur la voie publique, est une grave provocation et une violation de la Constitution marocaine et du droit international, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Les Amazighs qui sont dépossédés de leur histoire, de leur langue, de leur terre et de leurs ressources, sont aujourd’hui interdits même de parole et de manifestation pacifique. Cela est absolument inacceptable.

 

Pendant que les Amazighs sont brutalement empêchés de célébrer un évènement important de leur histoire, la capitale marocaine et d’autres villes du Maroc accueillent très régulièrement de nombreuses et importantes manifestations de la mouvance islamiste et panarabiste, avec le soutien de l’administration et des médias publics et sous la protection de la police. Il est donc clair que les interdictions ne concernent que les Amazighs, peuple autochtone de ce pays. Le gouvernement marocain montre ainsi et une fois de plus, ses pratiques racistes à l’encontre des Amazighs. En 2018, après sa visite au Maroc, Mme Achiume, Rapporteure Spéaciale de l’ONU avait dénoncé « les violations du droit à la liberté d’opinion, d’expression, de réunion et l’interdiction de manifestation pour les Amazighs ». Le gouvernement marocain piétine les lois nationales et internationales et montre ainsi qu’il n’a rien appris de sa présidence du Conseil des droits de l’homme en 2024.

 

Le CMA dénonce et condamne sans réserve l’interdiction de la marche de Tafsut Imazighen à Rabat ce 20 avril 2025. Il rappelle également que la commémoration de cet évènement historique est interdite depuis plusieurs années en Algérie et particulièrement en Kabylie où Tafsut Imazighen est née il y a 45 ans. Les instances internationales chargées des droits de l’homme et des peuples sont instamment priées de sanctionner les gouvernements marocain et algérien pour leurs actes d’apartheid anti-Amazigh.

 

Le CMA salue la sagesse des manifestants de Rabat qui se sont gardés de répondre par la violence à la provocation policière et les félicite pour leur engagement à défendre leurs droits et leur dignité. Le CMA se félicite également de la grande mobilisation et de l’éclatante réussite de la marche de Tafsut Imazighen le même jour à Marrakech, grâce au dévouement des organisateurs et à la volonté des milliers de manifestants. Le CMA adresse enfin ses sincères compliments aux manifestants de la diaspora amazighe, notamment Kabyle, qui ont répondu nombreux à l’appel de la mémoire et de l’esprit de résistance, en France, en Europe et en Amérique du nord. Le CMA exprime de nouveau son soutien et sa pleine solidarité avec les Amazighs qui sont arbitrairement incarcérés en Algérie et au Maroc et avec tous ceux et celles qui souffrent des injustices et des abus de pouvoir commis par les Etats. Les Amazighs n’ont pas d’autre choix que de poursuivre courageusement leur lutte pacifique mais déterminée afin de mettre un terme au racisme, aux discriminations et aux spoliations qu’ils subissent dans tous les domaines et depuis des siècles.

 

Rabat, 8/04/2975 – 20/04/2025

 

Le Bureau du CMA.